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Regard de Mathieu Lavie sur la facilitation de territoire

2ème épisode d’une série de témoignages de praticiens de la participation

dimanche 15 novembre 2020, par Collporterre

En début d’année 2020 s’est tenue la première session de formation à la facilitation de territoire, animée par l’équipe de Collporterre. Quelques mois plus tard, des participants témoignent des apprentissages qu’ils en ont retirée.

Cet article donne la parole à Mathieu Lavie, agent de développement local à Brest Métropole.

En quoi la formation de facilitation de territoire a-t-elle changé ton regard sur la participation ?

La formation n’a pas forcément changé mon regard sur la participation ; elle m’a plutôt permis de conforter des choses et de mettre des mots sur mes pratiques.

Ce qui m’a marqué le plus, c’était le schéma avec d’un côté la frise chronologique de gestion de projets classique et de l’autre le fil rouge - qui correspond au métier de facilitateur de territoire. Ce fil rouge : qui gravite au-delà des projets et des espaces de concertation ; qui crée du lien et fait réseau - avec des instances, des lieux, des habitants très différents - dans une forme de continuité, à long terme.

Je pense aussi avoir élargi mes horizons sur le sujet, en prenant en compte l’hétérogénéité des formes de participation - qu’elles soient institutionnelle, associative ou individuelle et spontanée. C’est aussi lié aux profils des participant.es de la formation, qui venaient d’instances, de lieux complètement différents, et qui avaient donc une lecture et une pratique de la participation très différentes.

Concrètement, en quoi cette formation a-t-elle fait évoluer ton quotidien professionnel ?

Cette formation a conforté l’importance de l’informel dans mon travail. Le fait de simplement passer voir des habitants, des partenaires ; de passer boire le café pour créer du lien ; d’être simplement dans l’échange informel sans forcément être sur une sollicitation précise. Je le faisais un peu avant, et je culpabilisais. Ce n’est plus le cas maintenant ; parce que la formation a bien acté l’intérêt de l’informel, de la rencontre, pour faciliter la participation dans le temps long.

Après je pense qu’on a vraiment de la chance à Brest : favoriser la participation est une mission inscrite noir sur blanc dans nos fiches de postes. Et cette dimension informelle est vraiment prise en compte, avec une confiance de ma direction. D’ailleurs, si mon intitulé de poste est officiellement « agent de développement local », je me sens davantage un facilitateur de territoire. C’est pour ça que la formation m’a vraiment fait sens. Cela faisait 3 ans que je cherchais une formation qui réponde à cet enjeu de me former sur ce poste là.

Quels sont selon toi les plus grands défis pour développer ce métier de facilitateur.ice de territoire ?

Au sein des collectivités, on est quand même globalement dans une optique de rationalisation ; tendance qui va à l’inverse de ces métiers. Il y a donc un enjeu à révéler, à mettre en lumière tout ce que cela peut produire, pour démontrer l’intérêt d’investir dans le lien social et la participation.

Parce que si n’est pas toujours visible, cela produit des effets réels. Pour exemple, suite au confinement. On a relancé des dynamiques de territoire, en passant par les agents de développement dans chaque quartier. On a ainsi remis en synergie toutes les énergies sur les quartiers, à travers les acteurs éducatifs, les acteurs culturels, les acteurs plus transversaux, pour proposer un été dynamique sur le territoire. L’objectif était de remobiliser les habitants, de les faire aussi ressortir de chez eux, d’aller vers les plus isolés, vers les familles dont les enfants étaient très peu sortis ; de recréer de la vie tout simplement. Et le fait d’avoir créé des liens et instauré une confiance interpersonnelle avec des personnes très différentes - comme vous l’évoquez dans la formation - ça nous a permis de mobiliser assez facilement et rapidement les acteurs des quartiers sur des dynamiques transversales. On a ainsi pu organiser des temps forts qui réunissaient des équipements de quartier, des acteurs culturels, des lieux d’accueil parents-enfants, qui n’avaient pas forcément l’habitude de travailler ensemble.